L’impossible succession d’Adnan Abou Walid al-Sahraoui : l’EIGS entre trahisons et rivalités

Le 16 septembre dernier, la France annonçait la neutralisation d’Adnan Abou Walid al-Sahraoui, chef de l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS). Un mois plus tard, l’organisation peine à lui trouver un successeur. Traqué par les armées de la région, incapable de s’imposer face à son rival du JNIM et devant faire face aux tensions internes, l’EIGS apparaît plus que jamais affaiblie.
A la fin du mois d’août, une frappe aérienne de la force Barkhane neutralisait définitivement Adnan Abou Walid al-Sahraoui (AWAS), fondateur de l’EIGS et figure importante de la mouvance terroriste au Sahel. Cet ancien du Front Polisario avait rejoint le djihad pendant la guerre civile algérienne, avant de participer à la fondation du Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) en 2011.
En 2014, il était devenu l’un des premiers cadres djihadistes sahéliens à prêter allégeance à l’auto-proclamé Etat Islamique.
Celui que l’on surnomme « AWAS » est ainsi venu s’ajouter à la longue liste de chefs djihadistes mis hors d’état de nuire par les forces armées locales et leurs alliés occidentaux.
Parmi les plus récents, on peut citer Issa al-Sahraoui, chef logistique de l’organisation ou Abou Abderrahmane al-Sahraoui, responsable de la condamnation à mort de plusieurs civils au Mali. Fruit de la collaboration efficace entre les armées locales et étrangères, leurs neutralisations illustrent bien l’affaiblissement de l’EIGS. En outre, elles alimentent surtout des tensions internes déjà existantes au sein du groupe.
En effet, ce n’est plus un secret que les groupes terroristes, l’EIGS y compris, regorgent de cadres opportunistes qui changent d’allégeance selon leurs ambitions personnelles. C’est également connu qu’ils comptent dans leurs rangs des informateurs qui, afin d’obtenir l’élimination de rivaux ou par intérêt financier, n’hésitent pas à communiquer avec les forces de sécurité. Ces fuites ont déjà précipité la chute de plusieurs cadres djihadistes du côté de l’EIGS, à l’instar d’Ikaraï et d’Abba Gotta, respectivement tués en juin et juillet 2021.
La neutralisation de ces cadres est synonyme d’une rupture de confiance au sein de l’organisation, qui multiplie les règlements de compte en interne en réprimant violemment le moindre soupçon de trahison. Dans la région de Tillabéri au Niger, une fusillade aurait ainsi éclaté entre plusieurs membres de la Katiba Hanifa le 11 octobre dernier. Certains membres de l’EIGS s’en seraient pris à de nouveaux combattants de l’organisation, historiquement liés au JNIM. En rejoignant les rangs de leurs rivaux, ces derniers sont accusés de ne pas être fidèles à leur « Calife ».
Ces tensions s’invitent également dans la question de la succession d’AWAS. Depuis septembre, les trois figures les plus pressenties sont Issa Barey et Oussama Modali, adjoints d’AWAS, ainsi qu’Oussmane Djibo dit « Petit Chafori », l’un des principaux lieutenants de l’ancien chef de l’EIGS. Mais les origines peules des trois hommes risquent de les désavantager lorsque l’on sait que les grands chefs du mouvement ont toujours été arabes.
Cette question d’appartenance ethnique pourrait expliquer l’existence de deux tendances qui pourraient s’affronter au sein du groupe. La première, portée par sa hiérarchie historique, soutiendrait une continuité du monopole arabe à la tête du groupe. La seconde, incarnée par des cadres peuls ayant fait leurs preuves en tant que djihadistes, souhaitait une rupture totale avec cette coutume en revendiquant la tête de l’organisation.
En attendant qu’une tendance l’emporte sur l’autre, la réalité est que l’EIGS est aujourd’hui orphelin et fait face à un avenir plus incertain que jamais. Ce vide crée, déjà, une vulnérabilité que les adversaires de l’organisation djihadiste entendent bien exploiter. Car, la nature, semble-t-il, a horreur du vide !
Siaka Sidibé
@SidibSiaka17
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